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duong tam kien

Bon c’est marrant, ça fait un peu quelques semaines que j’essaie de finir cet article sur la fonction de la langue politique dans la structuration des sociétés et quelques jours que je deviens assez agressif à ce sujet. Mon point de vue est que la manière de parler compte autant que la réaction par rapport à la langue de l’autre. Plus particulièrement lors de conversations aussi bien orales qu’écrites, il est toujours drôle d’observer des mélanges hétérogènes dans la même séquence de correction orthographique/grammaticale, d’erreurs par rapports à d’autres règles ce système (les accents, la syntaxe …) et d’adaptations culturelles (SMS etc) qui rend les académiciens plus très immortels. Ce n’est pas le “niveau de langue” que l’on apprend à l’école qui est réellement important mais comment on l’utilise pour structurer sa relation à l’autre. Les actes de réparations sont très importants pour révéler les positions politiques du locuteur d’une langue ou de la langue employée par un locuteur pour catégoriser son monde. Des prétendues fautes de grammaire et de “français” aux tentatives de masquer les mauvaises connotations, cette régulation dans la langue est toujours intéressante à observer car elle marque partiellement la relation entre sociolinguistique et politique.

Je ne sais pas trop si cet interdépendance est une forme d’obsession personnelle mais ce midi en regardant la télé (un bruit de fond parfois pratique pour se concentrer) j’ai cru voir une nouvelle preuve. Un ministre français de l’immigration tentait de faire la distinction légale entre une expulsion et une reconduite à la frontière. “L’expulsion” étant trop connoté socialement, il fallait bien qu’innocement nos amis politiciens trouvent un nouveau terme dans leur novlangue. Sans vraiment expliquer la différence, il insista plutôt sur le fait que ces dernières étaient justifiées car elle participait à un manquement à une bonne manière : quand on veut habiter quelque part, il faut en demander l’autorisation. Sinon, c’est mal poli et juste mal donc ouste. Un vrai manquement au savoir-vivre. Donc voilà, si vous voulez savoir ce qui fonde vraiment “être de droite”, il suffit de surveiller ces références à l’autorité, à l’existence d’une entité qui “autorise” et qu’il n’est pas question de remettre en cause car elle agit selon un plan supérieur. Les personnes qui ne suivent pas ces règles ou ces lois sont déviantes, il faut les exclure de son propre espace ou bien les corriger. Il n’est surtout pas question de penser qu’il pourrait s’agir d’un acte délibéré de désobéissance. Vous voyez ce schéma qui mène à un clivage ? Non ? Dehors.