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duong tam kien

Il y a plusieurs manières d'expérimenter, d'éprouver, de tester: chacune représente un dilemne quand à la nature secrète et cachée de la vérité. Parfois, en approchant l'horizon herméneutique des choses, l'expérience, l'épreuve, le test implique une forme de compréhension. Il est probable, même s'il faudra le vérifier, que la torture, l'esclavage, le zèle parricide, la surcharge épistémologique aient été sublimés dans des actes performatifs comme la prestation de servment, le jurement, l'accord contractuel – autant de rejetons historiques de l'obsession de l'épreuve. Il reste à examiner, cependant, si ces scènes sublimées de torture ont laissé des traces dans la manières dont nous agençons nos pratiques et nos institutions par rapport à la vérité – en se rappelant que le mot question, en français, signifie également torture. Que notre rapport à la pensée dépende du fait de poser des questions — et de la façon de le faire (Die Frage nach dem Sein, Was heisst denken ?) — signifie que le questionnement lui-même doit être soumis à la question. La généalogie de la question, issue de la torture et de l'épreuve, exige d'approfondir la question.

Test Drive. La passion de l'épreuve, Avital Ronell, p. 131

J’avoue que j’ai choisi cet extrait moins pour sa profondeur que pour donner un aperçu de la langue d’Avitall Ronell et sa capacité à articuler des questions transversales d’une façon à la fois inquiétante et élégante.