métaphores et liens perdus
Cela fait plusieurs jours que je suis à la recherche d’un article datant des premiers mois de la crisedésubprimes. En gros, c’était une petite enquête sur le langage des gens de la bourse. Le point qui avait particulièrement retenu mon attention est la distinction langagière opérée entre les jeunes et vieux de la meute. Alors que les louvetaux ont tendance à avoir recours à une alégorisation du champ financier (e.g la bourse, c’est comme la guerre), les vieux eux se contentaient d’explications directes et techniques.
L’interprétation que j’en tire est que l’expérience aidant, comprendre l’essence et les subtilités d’un domaine permet de clarifier le langage associé à celui-ci en diminuant les importations symboliques. Depuis cela m’a beaucoup aidé à jauger la maturité de certains secteurs et de ses acteurs.
Cela me choque d’autant plus que la plupart des gens qui vont vous parler des choses comme si c’était la guerre ne connaissent à peu près rien, théoriquement ou pratiquement, de la guerre. Cela vaut également pour la plupart des comparaisons du type : “si le projet de site web était comme la construction d’une maison”.
Bien entendu un langage sans métaphore est impossible (la flemme de rouvrir Lakkoff juste pour démontrer la chose) et l’usage d’un cadre extérieur pour communiquer a bien d’autres vertus que la dimension poétique. En fait, si les bases allégoriques pouvaient être un peu plus imaginatives que les lieux communs auxquels bons nombres ne comprennent déjà pas grand chose.
D’un point de vue éthique, il y a là également une forme de désenchantement.
Je crois que je reste assez marqué par la lecture de La dérive de l’argumentation scientifique de Dominiquer Terré. À relire aussi le court mais toujours salvateur Prodiges et vertiges de l’analogie de Jacques Bouveresse.
Je continue seulement de croire qu’une grande partie des allégories corporatistes sont des signes d’hermétisme. Et comme les vieux de la finance nous le montrent, c’est déjà bien assez compliqué comme ça.
Bon je pensais à tout cela suite aux événements de Tucson et puis là aujourd’hui suite à ce petit tweet de François.