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duong tam kien

  1. We should not try to define ‘the humanities’ by asking what the humanities departments share which distinguishes them from the rest of the university. The interesting dividing line is, instead, one that cuts across departments and disciplinary matrices. It divides people busy conforming to well-understood criteria for making contributions to knowledge from people trying to expand their own moral imaginations. These latter people read books in order to enlarge their sense of what is possible and important — either for themselves as individuals or for their society. Call these people ‘humanistic intellectuals’. One often finds more such people in the anthropology department than in the classics department, and sometimes more in the law school that in the philosophy department.
  2. If one asks what good these people do, what social function they perform neither ‘teaching’ nor ‘research’ is a very good answer. Their idea of teaching — or at least of the sort of teaching they hope to do — is not exactly the communication of knowledge, but more like stirring the kids up. When they apply for a leave or a grant, they may have to fill out forms, but all they really want to do is to read a lot more books in the hope of becoming a different sort of person.
  3. So the real social function of the humanistic intellectuals is to instill doubts in the students about the students’ own self-images, and about the society to which they belong. These people are the teachers who ensure that the moral consciousness of each new generation is slightly different from that of the previous generation.

The humanistic intellectuals: eleven theses (1989), Richard Rorty

A gizmo is neither a “machine” nor a product.” It doesn’t want you to accomplish any task in particular. It wants a relationship; it wants to be an intimate experience, as close to you as your eyebrow. It wants you engaged, it wants you pushing those buttons, it wants you faithful to the brand name and dependent on the service.

A gizmo needs an interface, and an interface for its interface. It needs tech support, and tech support for its tech support. Event its web pages need web pages. And this is where you work. Because the mental insuffienciency of these bleeping, begging little gizmos has become a human job magnet of titanic proportions. The near-infinite complexity of a network of rapidily obsolescing, disposable gizmos can suck up near-infinite amounts of human effort and ingenuity. Tomorrow Now, Bruce Sterling

Dans la série des réseaux où tout va bien et l’air de rien, ils sont là : Un article de Rue 89 à propos des connexions entre les membres du CAS à partir uniquement du cas Ferry. Je suppose que si on prend tous les autres un par un, il y aurait moyen d’augmenter le nombre de liens. Comme le soulignerait Noam Chomsky, il n’y a ici ni complot, ni conspiration : tout est bien visible, lisible et connectable. Je suppose qu’avec un peu de temps, il ne serait si compliqué de connecter groupes, personnes, temps et budgets avec quelques scripts, un peu de NLP et des sources comme wikipedia et infogreffe. Pas la peine de faire un modèle incluant des détections de collèges invisibles.

Par contre, comme le souligne brayden king d’orgtheory, où peut bien être la théorie des élites de pouvoir quand on en a besoin ?. Après un amateur CTRL-F sur “élite” et “pouvoir” sur le programme 2011 de ‘AFS, j’ai envie de dire qu’elle n’est au moins pas chez les sociologues francais. Une transposition au système français serait également bien venu. Les commentaires sur le remplacement de Lauvergeon laisse parfois transparaître rapidement des histoires de territoire des grandes écoles (AREVA devait rester à quelqu’un du corps des Mines) qui peuvent paraître bien incompréhensibles et justement laissées place à des fantasmes sur ce que sont réellement ou non les réseaux ou motivations de classe.

En termes de conséquences et du rapport intérêts individuels/responsabilités, je ne suis pas sûr que le système des écoles républicaines nous sépare tellement du niveau de connivence entre le secteur de “l’innovation financière” et le soutien de certains académiques. Peut être que c’est par ce biais que Ferry a gagné le droit à l’étique “économiste”. Toujours est-il que donc dans le CAS, Ferry est “vendu” par Claudine Pons et on peut trouver d’autres guichets où il est consutable en tant qu’économiste (sic). Michel Maffesoli fait aussi parti de cette belle écurie dans la partie sciences sociales. C’est dire le niveau d’expertise.

Sinon, à croire Gossip Philosopher, l’information inutile du jour est que Lady Gaga et Zizek auraient aussi des liens pas que intellectuelles. Du coup si Slavoj a un fils et que Lady finit avec un politique, on pourrait avoir une sorte de pattern Bruni-Enthoven ou bien plus simplement Dombasle-BHL. C’est tellement naze comme histoire que je suis sûr que le Nouvel Obs en fera quelque chose.

Profiter d’un mauvais article du nouvel obs pour commenter les potins de la philosphère, c’était pas très malin. Surtout qu’Aude Lancelin était déjà fiché par les services pour sa capacité à mener un débat dans un cadre purement intellectuel.

Le petit blog prometteur qui ramène un peu d’air en ce moment, c’est tout va bien. Rien de bien prétentieux, théorique ou ambitieux mais juste un éclairage factuel sur les petites combines entre sphère médiatique et sphère politique. J’aime bien le commentaire sur ces petits arrangements, comme ça au passage, l’air de rien, des liens entre les gens de la sphère public. Même pas de théorie du complot ou de discours moralisateur au passage. C’est frais et ça donne parfois l’impression de lire la solution d’une grille de mots croisées.

Maintenant, selon les statistiques et toute la science du monde :

  • soit ce blog va retomber dans l’abandon pour 3 ans
  • soit va donner naissance à 42 sous-blogs pour ne pas tout mélanger
  • soit va voir apparaître une blogroll dont les entrées et sorties seront commentées comme le mercato entre les 10 gens de l’internet qui partagent la même bulle

Parce que je sais pas pourquoi mais j’ai remis des commentaires à ce blog.

L’actualité du petit monde de la philosophie académique est plutôt mouvementé depuis quelques semaines. Luc Ferry, ce forcat de la patrie qu’on oublie trop souvent, a su rappeller qu’il n’était pas un politique mais bien un universitaire et a prodigué une magistral leçon gestion de poste, bientôt « façon collège de france. » Lieux prestigieux où se déroule le grand n’importe quoi journalistique de la semaine sous la forme d’un commentaire sur les premières leçons de Claudine Tiercelin à la chaire de métaphysique et de la philosophie de la connaissance.

Bon il est facile de constater que l’article en lui-même ne vaut pas grand chose. Les sources, les citations, l’usage de l’emphase, les approximations (sérieux, « Quayle » quoi), le chauvinisme degré zéro font que l’information est entre l’aléatoire et le ridicule. C’est à se demander s’il y a eu vraiment un entretien ou si c’est un article-fiction avec voix-off pour le style.

  • Sur le blog de Marie-Anne Paveau, on y remarque l’étrange trope de désigner les philosophes femmes par leur corporéité. En même temps, il me semble que “le philosophe à chemise” désigne à peu près une seule personne dans le champ francophone et bien avant que les anglophones ne marquent l’expression. Les autres à part être chauve ou sur-chevelus, en fait, je vois pas trop comment on pourrait abusé des stéréotypes.
  • Sur Philotropes, après avoir plus ou moins défendu Tiercelin et enterré le cas , le débat a pris la tournure habituelle du bon vieux analytiques vs continentaux.

J’ai comme l’impression que ce moment où Desanti appelle à la endosser la positivité et devenir des vrais scientifiques (dont le seul successeur sera finalement Sylvain Auroux ?) avant d’être des philosophes (1) a complètement disparu. Vu qu’aujourd’hui, « la moindre des choses pour un philosophe est de ne pas s’avancer masqué ». Je me demande à quelle point la réaction des philosophes non-analytiques (2) n’est pas finalement similaire et symétrique à la réaction de certains théoriciens de sciences humaines d’une part et de l’autre la réaction des scientifiques quand les sociologues ont commencé à prendre le relai des philosophes des sciences. Au final, des courants comme la XPhi ne fait pas parler les psychologues autant que les philosophes qui ont encore moins à voir avec les méthodes expérimentales ou la psychologie.

(1): j’y étais pas, j’interprète d’après François Dosse et les maigres lectures de Desanti. Wikipedia qui semble n’avoir gardé qu’une autre perspective de ces petites histoires d’écoles.

(2): j’avais envie de rajouter les « et occidentaux » parce qu’apparement en dehors des commentaires et et problèmes d’origines européennes et nord-américaines, le reste n’est plus de la philosophie.

Trouvé sur sci-ence via David Brin qui j’espère va passer plus de temps à adapter son cycle élévation au cinéma que de radoter sur la singularité.

La question de savoir si le penser humain peut prétendre à la vérité objective n’et pas une question de théorie, mais une question pratique. C’est dans la pratique que l’homme doit prouver la vérité, c’est-à-dire la réalité et la puissance, l’ici-bas de sa pensée. La querelle de la réalité ou de l’irréalité du penser — qui est isolé de la pratique — est un problème purement scholatique.

Thèses sur Feuerbach, 1845, Karl Marx

Plus je rentre dans les détails de Hegel, plus cela confirme mon intuition que c’est sérieusement fumeux. Cela me fait cependant pas désespérer que cela peut aider à construire des clés directes de lectures sur les ouvrages de Marx. Lors du séminaire The Public School Hegel by way of Marx, l’exercice est justement d’effectuer une lecture minutieuse de Hegel par l’intermédiaire de sa critique par Marx (en particulier les Grundrise). Marx se lit plus subtilement et permet de voir à travers sa dialectique comment il essaie de garder ou de convertir ce qu’il peut de l’idéalisme dialectique pour en faire son fameux matérialiste historique, ambigu car au final assez socio-historique et ne se détachant pas des dualismes hégéliens.

Par contre, je ne sais pas trop comment je dois interpréter mon manque d’intérêt sur le regard en arrière (ce que lire Marx nous dit de Hegel), j’ai plutôt dû résister à faire des commentaires sur ce que Hegel via Marx préfigure dans Max Weber (côté Esprit du capitalisme) et Thomas Kuhn (côté incommensurabilité vs méthode en économie politique).

Les projets d’architecture générative et paramétrique ont souvent des airs et des audaces qui ont l’air gratuit ou au mieux esthétique et parfois de prouesse technique. Rarement, le confort ou l’usage sont pris en compte.

Cependant voici une vidéo qui présente un projet d’étudiant qui cherche à faire rentrer des critères économiques dans sa chaine de script permettant de générer une tour aux formes classiques dans le paradigme génératif. L’exemple est plutôt convaincant.

Après le jeu du “qu’emmeneriez avec vous sur une île déserte ?”, SEED MAGAZINE rassemble onze réponses à la question de Feynmann :

If, in some cataclysm, all of scientific knowledge were to be destroyed, and only one sentence passed on to the next generations of creatures, what statement would contain the most information in the fewest words?

Les réponses sont un peu décevantes. Elles ne sont pas très réflexives sur ce que voudraient/devraient savoir les survivants à un cataclysme. L’exercice n’est pas facile et des scientifiques ne sont peut être pas la réponse à la solution.

Au final quelle serait l’information minimale à transmettre à la prochaine entité sentiente ?

Wikipédia ? Pas très minimal comme solution. De plus le problème des langues se posera de plus belle. Je suis pas sûr que les successeurs soient super fan de se récupérer le mythe de Babel en filigramme. Pas sûr non plus que les chapitres de l’Histoire les intéressent plus que l’introduction des fictions dans les pages de l’Encyclopedia Cyberneticus.

Asimov propose une solution du même genre, l’Encyclopedia Galactica mais avec la communauté de gardiens qui va avec. Puis c’est compliqué. Puis ça va prendre plus ou moins un millénaire. Puis bon la psychohistoire, on en est loin.

Et enfin est-ce que c’est sérieux de faire confiance à une civilisation qui n’a pas su se préserver mais qui essayerait de faire la maligne en délivrant une phrase cryptique ?

On parle français. —Wie innig Sexus und Sprache sich verschränken, lernt, wer in einer fremden Sprache Pornographie liest. Bei der Lektüre Sades im Original braucht man kein Dictionnaire. Noch die entlegensten Ausdrücke fürs Unanständige, derem Kenntnis keine Schule, kein Elternhaus, keine literarische Erfahrung vermittelt, versteht man, nachtwandelnd wie in der Kindheit die abseitigsten Äußerungen und Beobachtungen des Geschlechtlichen zur rechten Vorstellung zusammenschießen. Es ist, als sprengten die gefangenen Leidenschaften, von jene Worten beim Namen gerufen, wie den Wall der eigenen Unterdrückung so den der blinden Worte und schlügen gewalttätig, unwiderstehlich in die innerste Zelle des Sinnes, der ihnen selber gleicht.

On parle français. — Celui qui lit de la littérature pornographique dans une langue étrangère s’aperçoit à quel point sexe et langage sont intimement liés. Quand on lit Sade dans le texte original, on n’a pas besoin de dictionnaire. Même les expressions licencieuses les plus détournées, dont on n’apprend le sens ni à l’école, ni en famille, ni grâce à la culture littéraire qu’on peut avoir, on les comprend au jugé – de même que, pour les enfants, les paroles et les considérations les plus aberrantes concernant la sexualité finissent par s’organiser pour donner une représentation assez juste de la réalité. C’est comme si les passions, jusque-là prisonnières, rompaient le mur des mots aveugles en même temps que celui de la répression qu’elles subissent, maintenant que ces mots les appellent par leur nom, et comme si elles se précipitaient violemment et irrésistiblement au coeur même d’un sens avec lequel elles ont des affinités profondes.

On parle français, Minima Moralia, Theodor Adorno

Ce passage des minima m’a étonné dès la première lecture tant elle se différencie de l’attitude esthétique adoptée par Adorno dans d’autres textes (celui sur le jazz particulièrement) ainsi que son oeuvre musicale. Je me l’étais donc réservé comme premier morceau de choix pour mon baptême en version allemande.